Les mauvaises nouvelles

Le monde devient fou. Des présidents tirent sur leur peuple pour défendre leur pouvoir croulant, leur palais qui brûle, leurs armoires remplies de billets de banque et de diamants.

En réponse, nos dirigeants font avec les bras de grands moulinets. Ils condamnent, ils exigent, ils s‘égosillent, ils s’époumonent contre des types à qui, l’année dernière, ils serraient la pince en souriant. Il faut le dire pour leur défense : comment, à l’époque,  aurait-on pu se douter qu’ils étaient si méchants, ces visiteurs ? Ils n’avaient alors ni les yeux rouges ni la queue fourchue. Ils avaient la poignée de main franche, le sourire sympathique, un costume exotique bien propre dont les poches débordaient de contrats intéressants. Sur le chemin de l’Elysée, ils ne tiraient sur personne (on sait maintenant qu’ils ne se retenaient qu’à grand-peine). Ah, ils cachaient bien leur jeu, ces fourbes psychopathes !

On invoquera sans doute, pour défendre cette collaboration gênante, le pragmatisme, les intérêts économiques, la sauvegarde de la grandeur diplomatique de la France. Puis on n’en parlera plus. Ainsi se perdent les coups de pied au cul.

En ce moment, donc, chaque jour, la radio déverse un peu de sang dans mon café du matin. Qu’il soit libyen, yéménite, irakien, ivoirien, tunisien, égyptien ou néo-zélandais, cela lui donne le même arrière-goût désagréable. Heureusement que chez nous tout va bien : j’ai demandé à Papa L., hier, si on risquait ici la même révolution qu’en Libye. La question l’a étonné. Il m’a dit : « Ah, non ! Chez nous c’est pas pareil ! En Libye, ils ont un président qui s’enrichit avec sa famille alors que le peuple est pauvre ; c’est normal qu’ils se révoltent ! ».

Pleinement rassuré par son analyse, je pars courir mon marathon l’esprit tranquille. Au fait, Monde, ne m’attends pas demain matin, ni après-demain. Oublie-moi jusqu’à dimanche, d’ailleurs. Je n’allumerai pas la radio, je n’irai pas au boulot, je ne consulterai pas sur Internet les dernières dépêches. Pour un bref moment, mon monde à moi fait 42,195 kilomètres de long. S’il te plaît, laisse-moi profiter un peu de cette logique simple, linéaire, bête et reposante. Il sera bien temps quand je rentrerai pour d’autres mauvaises nouvelles.

4 réflexions au sujet de « Les mauvaises nouvelles »

  1. tres belle remarque se ke tu as dit..les francais ses ont revoltes dans les annees 1986 les arabes en 2011 mais vaut mieus tard ke jamais..ce kadafi merite d etre lapider juska la mort

Répondre à Marie Annuler la réponse.

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *