Les affaires de Dieu

 
On m’a raconté cette histoire hier, dans une salle sans fenêtres climatisée à 15°, toute blanche, au fond du service technique d’un opérateur téléphonique congolais. On se serait cru dans une morgue pour ordinateurs. Le technicien qui nous a décrit la scène l’avait vue de ses yeux ; elle est donc vraie irréfutablement. Vous en doutiez ?

A l’église du réveil, c’est l’heure de la prière. Dans l’assistance survoltée par la musique et les braillements du pasteur, chacun adresse à Dieu ses desiderata. Et, forcément, chacun le fait à Très-Haute voix.
Sur un banc, là-bas au fond à droite, deux hommes prient côte à côte. Le premier est un commerçant aisé de Matonge ; il possède une nganda de bonne réputation, où la bière est toujours fraîche et la chèvre bien servie. Il porte une chemise de pagne neuve aux couleurs de la fête du travail et un pantalon tout propre. Dans le flot assourdissant de prières qui envahit l’église, on peut tout juste l’entendre qui demande à Dieu de lui apporter beaucoup d’argent, beaucoup beaucoup s’il te plaît Ô Seigneur, pour pouvoir partir en Europe et avoir une belle voiture et une maison neuve et ne plus jamais travailler.
Le deuxième personnage est un pauvre cireur de chaussures de Chine Populaire – quartier qui n’a rien de chinois mais où la densité de population est telle que Pékin, à côté, ressemble au Sahara. Un peu voûté dans sa chemise qui en a déjà trop vu, il lève les yeux au ciel en clamant : Ô Nzambe malamu ! Si tu pouvais me donner ne serait-ce que cent dollars, comme je serais heureux ! Accorde-moi s’il te plaît ces cent petits dollars, Ô Seigneur, Ô Très-Bon, et je te serai pour toujours reconnaissant !
Alors, le premier commerçant se tourne vers lui, sort de sa poche un billet de cent dollars et le lui donne en disant :
« Prends. Et arrête d’embêter Dieu avec tes petites histoires, il a les miennes à gérer ! »

2 réflexions au sujet de « Les affaires de Dieu »

  1. Merci à Ben pour ce commentaire en creux, lourd de sens.
    Et moi, j'm'en va t'en raconter une autre dans la même veine :
    Un gars fait sa prière, et soudain, Dieu lui apparaît. Le gars il a vraiment-vraiment besoin de brouzoufs, mais il veut pas non plus attaquer le Boss de front, alors il y va en biaisant.
    « – dis-moi Dieu, à l'échelle de Ta toute-puissance, c'est quoi une seconde ?
    – Bah, dit Dieu, disons à peu près douze-mille-milliards de trillions de ce que tu appelles une année… enfin environ, quoi.
    – Ah… et un euro ?
    – mmmm, quelquechose comme soixante-quinze tera-billiards de millions de billiards, par-là.
    – Hé-bé…
    – Et à part ça, je peux faire quelquechose pour toi ?
    – Tu me donnerais 10 euros ?
    – Oui-oui, laisse-moi juste une seconde.

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