Les congonautes

Sur l’avenue Uganda, l’immeuble voisin du nôtre abrite l’ambassade de Corée du Nord. C’est une haute construction délabrée, aux vitres aveugles, surmontée d’une antenne tordue assez grande pour y faire sécher les slips de toute l’Armée Rouge. Derrière le bâtiment s’étend une vaste cour de béton, sillonnée de craquelures dans lesquelles poussent des mauvaises herbes. Un vieux container Aeroflot y moisit dans un coin.

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Sous la pluie

Les orages kinois sont beaux et effrayants.

Leur approche est un spectacle qui ne s’oublie pas. La lumière passe en quelques instants de l’éclat aveuglant de la mi-journée à une noirceur de crépuscule. Le vent se lève en bourrasques violentes qui soulèvent haut dans le ciel les papiers gras de la rue. Puis les premières gouttes descendent lourdement sur les trottoirs en dessinant des petits ronds dans la poussière, et les gens se mettent à courir, et une odeur de béton mouillé monte dans l’air encore chaud.
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Le retour

Rentrer à Kinshasa, c’est prendre en sortant de l’avion cette claque de chaleur humide dont l’odeur, à elle seule, concentre pour moi toute la ville, tous ses habitants et même tout le Congo. On la respire un moment avec bonheur, puis l’on s’y habitue et elle disparaît. Car, passées les premières minutes, les choses les plus évidentes sont celles que l’on voit le moins : de même que les shégués, la chaleur, le trafic ou la couleur des peaux, elles finissent par aller de soi.
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Au marché Dragage

Quelque part dans Brazzaville, il y a le marché Dragage. Il se tient la nuit, dans une ruelle étroite et boueuse (on est content ne pas y marcher pieds nus). Le long de ce passage, quatre rangées de tables forment les allées du marché. Elles sont tenues par des mamans habillées de pagnes à la gloire du président Sassou Nguesso, qui surveillent jalousement leur marchandise.
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