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Je me souviens d’un soir, il n’y a pas longtemps, au Tarmac des Auteurs. Le Tarmac, ce sont quatre murs de parpaings nus dessinant un carré de terre, avec le ciel pour plafond. Au fond, un vieux container abritant un bureau. A l’avant, une scène. Entre les deux, quelques rangées de chaises en plastique blanc.
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Un jour au stade

Ouh le joli drapeau[Photo du talentueux Benoît « Homework » Almeras]

Quand on est un blanc à Kinshasa, le Stade des Martyrs, c’est un peu comme Brazzaville : on passe devant, on le voit souvent, on n’y va jamais*. A moins d’avoir, parmi ses connaissances, un de ces précieux contacts qui facilitent parfois la vie dans la capitale congolaise…

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Interlude informatique

Vous connaissez Google Ngrams ?

C’est un outil qui permet de mesurer, dans l’énorme masse de publications parues entre 1900 et aujourd’hui, la proportion de celles qui contiennent un mot ou une expression donnée. Par exemple, si je fais une recherche sur « nucléaire », il me sort une courbe qui reflète la fréquence d’apparition de ce mot dans les livres, journaux, etc. au fil des années (avec un beau pic pendant la Guerre Froide).

Cet outil merveilleux, quoique actuellement proposé en version de test, permet déjà d’aborder un certain nombre de questions essentielles.

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Jupiter

 [Photo : La Belle Kinoise Prod]

Ce qui frappe d’abord chez Jupiter, c’est sa voix. Elle a le timbre grave, le grain terreux, les harmoniques d’outre-tombe d’un orgue d’église qui aurait fumé trop de gitanes. Un peu nasillarde dans mon téléphone, je l’écoute me donner rendez-vous pour nous rendre ensemble chez un luthier de la Cité nommé maître Soklo.
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Les congonautes

Sur l’avenue Uganda, l’immeuble voisin du nôtre abrite l’ambassade de Corée du Nord. C’est une haute construction délabrée, aux vitres aveugles, surmontée d’une antenne tordue assez grande pour y faire sécher les slips de toute l’Armée Rouge. Derrière le bâtiment s’étend une vaste cour de béton, sillonnée de craquelures dans lesquelles poussent des mauvaises herbes. Un vieux container Aeroflot y moisit dans un coin.

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Sous la pluie

Les orages kinois sont beaux et effrayants.

Leur approche est un spectacle qui ne s’oublie pas. La lumière passe en quelques instants de l’éclat aveuglant de la mi-journée à une noirceur de crépuscule. Le vent se lève en bourrasques violentes qui soulèvent haut dans le ciel les papiers gras de la rue. Puis les premières gouttes descendent lourdement sur les trottoirs en dessinant des petits ronds dans la poussière, et les gens se mettent à courir, et une odeur de béton mouillé monte dans l’air encore chaud.
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